En 2013 en Chine le comportement quelque peu désinvolte des fonctionnaires avait été épinglé.
L’organe en charge de la corruption du Parti communiste chinois avait exigé :
- Une réduction des réunions trop coûteuses pour les pouvoirs publics
- Une limitation des cérémonies jugées, pour certaines, de peu d’intérêt, et n’ayant pas de fondement réel
- Une réduction des visites inopinés de la part des énarques, et dans la plupart des cas jugées comme étant inutiles, des unités régionales
Parallèlement un plus grand contrôle du recours aux voitures officielles avait été mis en œuvre, du fait d’une utilisation jugée inappropriée (recours à titre privé le plus fréquemment).
Par ailleurs les fonctionnaires avaient été critiqués du fait d’une rentabilité qui n’était pas au rendez-vous.
Ces jours-ci le parti communiste revient à la charge pour fustiger certaines dispositions que prennent les agents de l’Etat, et réduisent par voie de conséquence leur efficience.
Ainsi il est demandé aux dirigeants des administrations d’être plus en contact avec la base (la déconnection avec la base est une source d’inefficacité d’une administration selon le régime communiste).
Par ailleurs une réglementation des événements, que les administrations veulent organiser, doit être la règle.
De ce fait, le Comité central du Parti exige :
- Une réduction du nombre de réunions, mais également une limitation dans la durée de ces rassemblements
- D’alléger les charges administratives parfois complexes, et inutiles, et reposant uniquement sur du formalisme
- Les documents rédigés par les fonctionnaires devront avoir un nombre de caractère limité ; autrement dit leur brièveté doit devenir la règle
- Une utilisation des véhicules de fonction plus limitée, et dans des cadres bien définis
Nous voyons au travers de cette volonté de réduction des coûts que le Parti Communiste a pris conscience de l’intérêt d’une réforme concernant des pratiques coûteuses, et ayant peu de valeur ajoutée.
Réformer l’administration française, une « inconscience » à toute épreuve….
En France de telles mesures ont été proposées plusieurs fois, mais dans la pratique les faits nous montrent que l’administration de notre pays est devenue ventripotente.
La connaissance, et le dialogue avec certaines structures qui dépendent de l’Etat, sont parfois limités pour les français lambda.
De ce fait leur fonctionnement demeure plus que limité, et dans certains cas on se demande si les agents déployés dans ces services ne se tournent pas les pouces
En France les énarques assis dans leurs bureaux ne connaissant pas la base.
Par contre ce sont des génies pour créer des usines à gaz qui n’ont aucune utilité, ou parfois peuvent être contreproductives, sur le terrain.
Bien entendu le gouvernement, du fait de certaines critiques souvent peu voilées de la part des français moyens (je suis également de cette classe), tente de répondre assez maladroitement à ces invectives.
C’est ainsi que des regroupements de commissions redondantes a été proposé du fait d’un déficit colossal de nos finances publiques, mais jamais a été mis sur la table l’idée d’en supprimer une grande partie.
Tout aussi perturbante pour les acteurs de terrain, les réunions inutiles, et dont la valeur ajoutée est très limitée.
Nous aimons, et nous multiplions depuis des années, les rassemblements qui permettent de parler, mais dans le fond n’apportent pas grand-chose.
Je me rappelle à une certaine époque (elle est encore grandement utilisée) d’une méthode très ancrée dans l’idée de nos collègues (je parle des médecins universitaires) pour partager des idées : le Métaplan.
Nous utilisions des morceaux de papier (un gaspillage de papier m’avait quelque peu interpellé) pour exposer des idées parfois ridicules, mais parfois amusantes.
Au final nous repartions en ayant l’idée de perdre un peu de notre temps.
Ce qui est quelque peu frustrant pour les acteurs de terrain, c’est de voir que nous (je parle des médecins) sommes parfois interloqués par l’absence de rapidité dans la mise en place de certaines demandes que nous formulons pour les administrations.
Pire, on nous demande, à l’ère de la dématérialisation, de remplir des documents qu’il faut renvoyer par mail pour obtenir une réponse (elle est dans la plupart des cas trop tardive) de la part de certaines structures (c’est le cas notamment dans notre département en ce qui concerne la DAC).
Quant aux documents envoyés, parfois ce sont des romans fleuves qui n’incitent pas la base à les consulter.
Ces documents qui flattent l’ego des rédacteurs, ne sont pas lus dans la plupart des cas, ou finissent malheureusement leur vie dans une pile de documents qui seront jetés sans aucun scrupule.
Le chemin de la réforme concernant les fonctionnaires français est loin devant nous, et nous avons l’impression que le gouvernement n’est pas prêt à appliquer les mêmes mesures que celles voulues par la Chine.
Nous ne devons pas oublier qu’il existe des mentalités très différentes entre les asiatiques et les européens (et même au sein de l’Europe des divergences de point de vue existent).
Demander des efforts à certaines catégories de personnes peut être responsable d’un lever de boucliers, et de ce fait générer des mouvements de contestations (ils seront d’ailleurs soutenus par certains partis politiques qui souhaitent augmenter leur socle de popularité).