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Une nécessité de remettre les pendules à l’heure !

Quelle que soit l’origine des universités, il est fondamental de souligner que ces établissements ont pour fonction de façonner l’esprit des étudiants, d’améliorer les connaissances de ces jeunes adultes,  et permettre à tous d’acquérir une ouverture d’esprit.

Sur ce dernier point les facultés françaises ont le mérite de favoriser, dans les différents cours dispensés en leur sein, le dialogue avec des interlocuteurs parfois diamétralement opposés en ce qui concerne des idées.

Cet état de fait est une force de notre démocratie où chacun a la possibilité de s’exprimer en toute liberté avec parfois un argumentaire qui nécessite beaucoup de vivacité d’esprit pour être contré.

Par contre depuis quelques années des idéalistes politiques (le plus souvent ce sont des extrémistes de gauche comme de droite) n’acceptent plus toute idée de dialogue, et de ce fait imposent (souvent dans les halls des universités), en refusant tout dialogue, leurs idées pas nécessairement partagées par tous.

Ce qui est quelque peu dérangeant pour le citoyen lambda, c’est de voir que ces lieux de savoir deviennent des tremplins pour faire de la propagande politicienne qui est parfois très nauséabonde

A ce titre il ne faut pas oublier que le contribuable français est mis chaque année à contribution pour assurer un bon fonctionnement de ces établissements.

En effet ce n’est pas en s’acquittant d’une somme ridicule pour s’inscrire que l’étudiant assure une autonomie financière des universités.

En médecine le coût des études est remboursé plus que de mesure du fait d’une exploitation des internes

D’ailleurs de nombreuses voix  (les médias, et certains partis politiques, n’ont pas de scrupules à être les premier à s’exprimer) s’insurgent régulièrement des sommes investies dans les facultés de médecine pour former les médecins.

Il est vrai qu’une nouvelle fois nous ne pouvons que reconnaître le fait que les études médicales nécessitent beaucoup d’argent frais dont s’acquitte le contribuable qui est le mouton facilement tondu.

Cependant on oublie trop souvent que dès la 6ème année d’études l’interne, qui est théoriquement en formation,  est une main d’œuvre à très bas coût pour assurer un bon fonctionnement des hôpitaux.

Travaillant régulièrement dans le service des urgences de mon département, durant ma vacation de garde, je côtoie des internes ayant choisi des  spécialités diverses.

Ces derniers souvent éreintés par les demandes itératives de confrères urgentistes, expliquent que leur moyenne hebdomadaire de travail est de 60 heures.

Ils reçoivent un salaire de misère alors qu’ils ont un bac + 7, et on ne cesse de leur expliquer qu’ils sont en formation (souvent ils sont laissés sans aucune possibilité d’aide technique ou de soutien par un sénior).

Non content de travailler de la sorte ils ont l’obligation de poursuivre durant 4, 5 voire six ans cette manière de « se former », cela sans protester sous peine de se voir sanctionner par leur hiérarchie.

Nombreux sont ceux qui terminent prématurément « cette aventure » du fait de burn out, car on ne les écoute pas, et on n’accède à aucun de leurs souhaits.

Bien entendu ils sont rétribués avec des cacahuètes, et peuvent être heureux de voir, en fonction de leur ancienneté, une légère augmentation de salaire.

Après tout ils remboursent de cette manière le contribuable qui a payé les études.

Cependant aucun journaliste n’a l’honnêteté de faire savoir aux français que, grâce à cette main d’œuvre rémunérée de manière dérisoire, les hôpitaux peuvent fonctionner convenablement.

Ce qui me fait très mal, c’est de voir que des réformes ont été entreprises pour que les internes en médecine générale puissent devenir des médecins à part entière, cela en ajoutant une année supplémentaire à leur formation

Outre le fait que leur rémunération va avoisiner les 2 000 à 2 500 euros bruts (nous ne devons pas oublier que ce sont des confrères ayant une formation de bac + 10), ces derniers ne savent toujours pas à quelle sauce ils seront dévorés en novembre 2026 (la réforme a été validée par les députés fin 2022).

En exposant de cette manière des faits réels, il me semble important que nous soyons conscients des sacrifices que les futurs confrères font, confrères qui remboursent plus que de raison les frais scolaires engendrés par leur apprentissage.

Et les autres universités, ont-elles un régime de faveur ?

A côté des facultés de médecine, nous avons les universités de tout poil qui doivent accepter tous les étudiants le souhaitant dès lors qu’ils obtenu leur bac.

Ce qui est quelque peu intéressant de voir, c’est que seuls 36% des étudiants des universités autres que celle de médecine arrivent à obtenir leur licence en 3 ans (50% en 5 ans).

Au final 50% de ces jeunes qui optent pour une voie universitaire en repartent sans avoir obtenu de sésame universitaire validé pour entrer dans la vie active.

D’autre part on apprend par les médias que 10% des diplômés des universités autres que ceux ayant choisi la filière médicale a un niveau an langue française qui est superposable à un élève d’une classe de primaire.

Nous pourrions accepter cet état de fait car il est nécessaire d’accepter les erreurs concernant le choix parfois inapproprié des étudiants (cependant il est difficile d’accepter le faible niveau en ce qui concerne la pratique de la langue française).

En médecine les jeunes qui réunissent l’examen de 1ère année, qui est une forme de concours,  poursuivent pour plus de 80% leurs études en totalité.

Ce qui doit nous faire réagir c’est le fait que le coût engendré par les études universitaires, autres que celles suivies dans les facultés de médecine, s’élève à 350 millions d’euros annuellement.

Ce coût me semble très prohibitif compte tenu du fait que la majorité des étudiants ayant suivi ce cursus l’arrête prématurément.

Ne serait-il pas logique dans ce cas de figure d’avoir une méthode de recrutement identique dans toutes les universités, c’est-à-dire en n’acceptant en 2ème année d’études que les étudiants ayant réussi un examen classant ?

Cette option avait été proposée par Alain Devaquet ancien ministre délégué à la recherche et à l’enseignement supérieur.

Ce dernier avait dû démissionner du fait d’une fronde très politisée.

Cependant il me semble tout à fait juste, et égalitaire, que nous agissions pour que toutes les études universitaires soient sur le même plan.

Et surtout prenons conscience qu’il faut arrêter de culpabiliser les étudiants en médecine qui travaillent comme des forçats pour obtenir leur diplôme.

Dr Pierre Frances

3 Commentaires

  1. Entièrement d’accord avec cette analyse ; la gestion de l’enseignement supérieur est aussi indigente pour ne pas dire indigne … que le reste… Ma fille Chloé a démissionné de l’internat de médecine et le termine en Suède, fort bien rémunérée et surtout dans la dignité et très bien entourée de formateurs dédiés . Mais les suédois, eux, exigent de connaître leur langue parfaitement … 😈🤓😅

  2. Quand le numerus clausus existait, j’avais une grande pensée aux exclus en constatant que 20% des étudiants abandonnaient.
    Je connais une libraire qui est docteur en médecine. C’est bien pour cette personne sûrement si elle a trouvé sa vocation mais peut être qu’un ou une des collés (ées) aurait été un bon médecin…
    Joyeuses fêtes de fin d’année

    • je suis d’accord avec toi, mais je pense que tu es un passionné par ton métier….
      Bonnes fêtes

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