Les députés ont accepté un dispositif prôné par M. Lecornu, et qui a pour but de pallier à la désertification médicale.
Pour ce faire, et dans les zones où l’offre de soin est déficitaire, des maisons France santé vont fleurir pour permettre à nos concitoyens d’obtenir une réponse rapide à leurs maux (moins de 48 heures il semblerait).
Pour ce faire 130 millions d’euros seront mis sur la table, somme qui sera plus importante en 2027 où 5 000 maisons France santé seront mises en place.
Ces structures vont garantir aux assurés sociaux ayant des difficultés d’accession aux soins un rendez-vous avec une infirmière, mais aussi un médecin.
Il est probable que ces unités seront également étoffées avec un personnel administratif (secrétaires), mais aussi des agents de nettoyage….
Ces structures seront ouvertes 5 jours sur 7.
Nous ne devons pas perdre de vue que cette disposition législative a été votée avec une faible majorité (183 voix pour, et 104 contre).
Il est intéressant de prendre en compte les réflexions de certains députés comme Hendrik Davi (écologiste) qui expliquait que les fonds qui allaient être versés allaient conduire à aggraver « la financiarisation du secteur de la santé ».
Très intéressant à mon goût ont été les propos formulés par Hadrien Clouet (LFI) qui était très réalistes.
Pour ce dernier les soignants « ne sont pas comme des champignons, et ce n’est pas en arrosant que ça pousse ».
Yannick Monnet (PCF) a rétorqué quant à lui « qu’en modifiant la dénomination de France Travail on n’avait pas nécessairement résolu la question du chômage, et qu’il en serait probablement pareil avec France santé ».
Les réflexions de la base….
En y regardant de plus près plusieurs réflexions peuvent être faites, réflexions tenant compte des propos des députés précédemment cités, et qui semblent pour une fois tout à fait logiques.
Tout d’abord, et alors que nous vivons une période de récession économique, est-il nécessaire de créer de nouvelles infrastructures qui vont rallonger la dette de notre pays ?
Je ne pense pas, et ce qui me désole avant tout, c’est de voir que de nombreux politiques ne connaissent pas le terrain, ou plutôt ne prennent pas le peine de se déplacer pour se confronter aux réalités du terrain.
C’est en allant au contact des libéraux (ils sont régulièrement méprisés, et critiqués par le pouvoir politique et les médias) que nous pouvons avoir une réponse aux attentes de nos concitoyens.
Il ne faut pas croire que les praticiens à la base de notre système de soins sont des effrontés, et qu’ils ne tentent pas de trouver des solutions à la problématique de la pénurie de soignants (je pense qu’il est important de ne pas oublier que cette situation est sous la responsabilité des politiques qui voulaient réduire les dépenses de santé en diminuant le nombre de médecin formés).
La pénurie est une réalité qu’il faut prendre en compte, tout comme plusieurs autres problématiques que nos cols blancs ne sont pas aptes à intégrer :
- Le fait que les libéraux travaillent bien plus que 35 heures par semaine (la moyenne est de 50 heures)
- Le fait que l’espérance de vie des médecins est bien plus faible que certaines catégories professionnelles. Sachez que celle des urgentistes est en moyenne de 57,5 ans !
- Que de nombreux praticiens libéraux sont des humanistes et travaillent bien au-delà de l’âge de leur retraite (elle n’est pas acquise de plein droit à 62 ou 64 ans pour les français, mais il faut attendre 67 ans pour les médecins libéraux)
- Les patients qui présentent des soucis de santé le soir ou le week-end ne seront pas pris en charge par France Santé qui est un système travaillant comme une agence étatique. Il faudra une nouvelle fois avoir recours aux urgences des services hospitaliers
Certains praticiens ont la volonté de construire des projets pour prendre en charge les patients n’ayant pas d’accessibilité aux soins, mais ils se heurtent parfois à des murs (et je peux vous dire qu’ils sont fréquemment « épais »).
Et oui, en France toute décision doit être validée par des agents qui sont « la force de notre pays » : les administratifs.
Ces personnes ne prennent de décisions qu’après la rédaction de nombreux formulaires, ou à la suite de réunions interminables et parfois stériles.
Par ailleurs je ne ferai que louer l’action des confrères de SOS médecins, qui sans relâche ne cessent de palier dans certaines zones au manque de praticien.
Ces professionnels sont énormément utiles, et nous leur devons une fière chandelle.
Nos politiques ne sont pas assez réceptifs à leur travail de fourmi, ou ne daignent pas les féliciter !
Les actions de ces collègues sont cependant limitées aux grandes métropoles (ce sont aussi des déserts médicaux il ne faut pas l’oublier).
Ces confrères font souvent la une des médias car ils sont trop fréquemment molestés ou menacés, ce qui est à l’origine de leur absence sur certains secteurs jugés trop dangereux (les politiques et les administrations ne prennent pas de risques pour s’y frotter, alors pourquoi des confrères en prendraient).
Et c’est là ou le bât blesse, alors que certaines banlieues sont gangrénées par la drogue et l’insécurité, on pense que dans un avenir proche il sera possible d’assurer des soins aux personnes résidant dans ces lieux (on ferme les yeux sur ces patients qui nécessitent pour certains des soins).
C’est quelque peu illusoire de croire qu’il sera aisé de trouver des professionnels de santé dans ces zones qui ne sont plus contrôlées par les forces publiques.
Ce qui est révoltant, c’est d’accepter que certains français qui ont peu de moyens (certains touchent de petits salaires, et d’autres sont des retraités peu argentés), contraints de vivre dans ces banlieues (ce sont des cités HLM) doivent accepter le fait que les lois de la république soient bafouées en toute impunité.
Les services publics ont d’ailleurs déserté ces zones qui sont trop risquées.
Au final il est triste de voir que les pouvoirs publics ne prennent pas suffisamment en compte les soignants de la base.
Nous vivons dans un monde avec deux groupes : les travailleurs de base qui remontent leurs manches, et les élus qui restent enfermés dans leur tour d’ivoire et prennent des décisions pas en accord avec la réalité du terrain.
« Je crois d’un bon citoyen de préférer les paroles qui sauvent aux paroles qui plaisent » Démosthène.