0

Les études universitaires ont un coût, mais ces frais concernent tous les étudiants !

De longue date nous savons que les étudiants fréquentant les bancs d’universités américaines doivent s’endetter de très longues années pour pouvoir obtenir le diplôme qu’ils convoitent.

Certains sont dans l’obligation de payer des intérêts parfois colossaux aux banques qui prêtent, sans de réels relents de philanthropie, de l’argent à ces jeunes.

C’est ainsi que nous apprenons très régulièrement que certains de ces jeunes désargentés ne peuvent pas ou plus poursuivre les études au sein d’universités.

De ce fait leur rêve s’achève aux portes de ces établissements, et ils sont obligés de changer de voie professionnelle, avec dans certains cas une amertume non dissimulée.

Le coût dérisoire des études au sein des universités françaises.

En France 44% des étudiants suivent des études universitaires (1)

Ce chiffre ne doit pas faire oublier que pour éviter tout élitisme au sein des universités, les droits d’inscription demeurent dérisoires au sein des établissements publics (les jeunes qui suivent des études supérieures dans des structures privées doivent s’acquitter quant à eux de sommes rondelettes).

De ce fait pour que le budget des ces établissements puisse être en grande partie bouclé (entre 60 et 70 de ces structures publiques sont en déficit), le contribuable français doit débourser près de 40 milliards chaque année.

La cour des comptes a mis son nez dans les comptes des universités, et à notre grande stupéfaction seulement 34% des étudiants obtiennent une licence dans les 3 ans, et le surcoût des redoublements et les départs sans diplômes des étudiants ont un coût qui avoisine les 534 millions par an.

Ce qui est intéressant de souligner, c’est de voir que le coût moyen de formation d’un étudiant est évalué à 12 250 € chaque année, cela alors que les frais d’inscription sont négligeables (entre 250 et 300 euros par an).

En poussant le bouchon un peu plus loin, nous voyons que les frais annuels d’un étudiant préparant la licence sont évalués à 14 720€, et pour un master à 20 380€.

Autrement dit le jeune qui obtient un master revient assez cher à la société.

Compte tenu de ce faible coût des études universitaires, nombreux sont les jeunes qui « s’encroûtent » de nombreuses années dans ces établissements pour obtenir leur diplôme, profitant de cette manière de la vie de bohème des étudiants.

Tout aussi perturbant, c’est de voir qu’un nombre non négligeable de ces 30aires n’arrivent pas au bout de leurs études, et encore plus déprimant se tournent vers d’autres cieux (européens ou non) pour travailler avec leur diplôme en poche.

Et oui ces jeunes n’ont pas « la reconnaissance du ventre ».

Et les études médicales alors !

Souvent prises en exemple pour leur coût exorbitant, les études médicales font l’objet de protestations régulières (elles sont relayées de manière implicite par les médias) de contribuables furieux par le fait qu’une « reconnaissance » de la part des jeunes médecins ne soit pas effective compte tenu des frais que la société débourse pour leur permettre d’arriver à devenir des docteurs.

Nous ne pouvons pas perdre de vue que les études médicales ne sont pas gratuites, et l’Etat français est généreux en les finançant.

Néanmoins, ce qui est très particulier, et que nous ne retrouvons pas dans les autres filières, c’est le fait que sous le prétexte de formation les internes sont exploités de manière honteuse par les pouvoirs publics.

Alors que dans certains secteurs (notamment l’artisanat) la formation conduit à un respect des 35 heures hebdomadaires chez le patron, rares sont les étudiants en médecine de 7ème année qui ont ce privilège.

Malgré des dispositions européennes concernant le temps de travail, malgré les protestations répétées de certains syndicats d’internes, ces jeunes en formation cumulent des semaines de plus de 50 heures de travail pour un grand nombre.

Aucun politique, aucun citoyen est ému par cet état de fait qui est parfois dénoncés sur certaines chaines télévisées.

Il faut reconnaître que les médecins sont le plus souvent sacrifié sur l’autel de l’humanisme qui doit être apporté aux patients.

Les internes doivent accepter de travailler plus pour gagner une misère.

Et c’est là où le bât blesse, car en exploitant de cette façon honteuse ces étudiants pour lesquels les responsabilités sont énormes, on oublie facilement qu’ils remboursent intégralement (voire même plus leurs études).

Il y a quelques jours de cela j’ai été surpris par un article rédigé par Anthony Cortés dans le journal l’Humanité du 5 mai 2025 (je souhaite avant tout m’informer par le biais de plusieurs journaux ayant des idées politiques divergentes) (2).

Ce dernier reconnaissait que les conditions de travail des internes n’étaient pas satisfaisantes :

« Tout en alertant, légitimement, sur certaines conditions de travail, en particulier celles des internes (semaines dépassant parfois les 100 heures salaires infimes, encadrement défaillant en stage) ».

On oublie la détresse de ces étudiants qui durant 3 à 6 ans de leur vie doivent travailler sans cesse pour que les hôpitaux puissent fonctionner.

Il y a quelques mois de cela on se rappelle des appels désespérés de chefs de services des urgences qui avaient peur d’avoir moins d’étudiants.

De quelle manière, sans le concours des internes, les patients accueillis aux urgences peuvent-ils être accueillis de manière satisfaisante ?

Ce qui est remarquable, c’est qu’au-delà de cette exploitation pour laquelle tout le monde ferme les yeux, on propose d’allonger les études médicales (on peut de cette manière gagner encore plus d’argent sur le dos de ces jeunes).

Pire la loi Garot qui fait couler beaucoup d’encre depuis quelques semaines a des chances de mettre un peu plus d’huile sur le feu.

En ne reconnaissant pas le coût réel des études médicales (les médias aiment bien d’ailleurs éviter de le divulguer dans leur éditoriaux), et en pressant comme des citrons des futurs confrères qui ont sacrifié leur jeunesse pour obtenir la spécialité désirée, on va favoriser les départs à l’étrangers de ces collègues ou on va les ramasser à la petite cuillère.

Les étudiants de médecine ne sont pas la valeur d’appoint pour compenser une politique de santé défaillante !

 

  1. Tétreau E. Multiplier par dix…les frais universitaires. Le Journal du Dimanche du 16 avril 2025
  2. Cortes A. Le « lobby » des médecins en défense des privilèges. L’Humanité du 5 mai 2025.

Dr Pierre Frances

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec * Pour information, Pierre Frances ne répondra pas aux commentaires anonymes.