Il  y a quelques jours de cela les énarques composant la Cour des Comptes se sont frotté les mains en donnant leur rapport.

Ces « sages » ont expliqué que leurs recommandations qu’ils avaient formulées étaient suivies d’effet (partiellement ou en totalité) dans 76% des cas en 2023.

Plusieurs réflexions peuvent être effectuées suite à ce satisfécit :

• Tout d’abord il est amusant d’être heureux de son bilan, cela alors que le déficit des finances publiques est abyssal. Comment est-il possible de se glorifier en ce qui concerne son efficacité lorsqu’on a en charge la réduction des déficits publics?
• Ensuite il est pitoyable de voir que ces énarques soient heureux de dire que les recommandations ont été suivies dans 76% des cas partiellement ou en totalité. Combien de recommandations ont été suivies d’effets en totalité ? Que veut dire le terme de partiellement ?
• On remarque également que dans 24% des cas les recommandations ne sont pas suivies d’effet. 24% est un chiffre qui me semble important

Nous pouvons être quelque peu surpris par la réflexion de Pierre Moscovici qui dirige ce navire : « Le niveau des prises en compte est d’autant plus satisfaisant qu’une proportion non négligeable de recommandations non encore suivies d’effets porte sur la conception de politiques publiques associant souvent plusieurs partenaires ».

Ce vocabulaire est quelque peu abscond, et j’ai l’impression que c’est une manière de noyer le poisson pour montrer que cet organisme (je pense que les rétributions des différents collaborateurs sont assez importantes) est efficace.

Nombreux sont les citoyens qui se demandent si les conseils formulés (la plupart sont pertinents) ne sont pas très rapidement oubliés.

La Cour des Comptes et quelques propositions concernant le domaine médical

En 2020 la Cour des Comptes préconisait en ce qui concerne la médecine scolaire que les dépistages obligatoires en 6^ème soient réalisés soit par le médecin de ville ou hospitalier.

Personnellement je n’ai pas eu connaissance des caractéristiques de ce dépistage, mais il est possible que je ne me sois pas suffisamment informé (il est vrai que les mails émanant des différentes sociétés savantes, et de différentes administrations s’accumulent sur ma boite mail; il est difficile parfois de faire le tri).

En ce qui concerne le domaine de la prévention la Cour des Comptes recommandait en 2021 un plan de lutte contre l’alcool avec un repérage précoce.

Il est difficile pour un médecin généraliste de base comme moi de savoir si le repérage que je pourrai faire aura une efficacité réelle (les études ont montré, si je ne me trompe que nous avons un impact sur l’alcoolisme des patients dans moins de 20% des cas).

De plus on a l’impression d’être des imbéciles car nous avons acté de longue date l’importance d’agir sur ce fléau, et de manière précoce comme le soulignait la Cour des Comptes.

Toujours en ce qui concerne le domaine de la prévention les sages se prononçaient pour l’obligation d’une apposition obligatoire du nutri-score pour l’alimentation industrielle.

Même si cette mesure est de bon aloi, certaines critiques peuvent être formulées :

• Le nutri-score n’est pas apposé sur la totalité des aliments ayant une origine industrielle
• Le fait que ce logo, même s’il est potentiellement d’un grand intérêt, n’est pas pris en compte par les personnes qui en auraient le plus besoin

Même si de nombreuses recommandations concernant la santé ont été formulées, une d’entre elle ,très récente, m’a quelque peu surpris.

Il faut savoir que les médecins en activité ont pour obligation théorique de se former.

Pour ce faire de nombreuses recommandations ont été édictées par les pouvoirs publics en ce qui concerne cette nécessité de formation.

Cela fait plus de 20 ans que les politiques se sont inquiétés de l’absence de formation de certains médecins, et ont mis sur les rails des programmes (dont le DPC) qui étaient théoriquement obligatoires.

Prenant le contre-pied de cet engagement des pouvoirs publics, des sociétés peu scrupuleuses (elles sont attirées par les émoluments qu’elles peuvent recevoir) ont saturé les mails et les lignes téléphoniques des médecins.

En ce qui me concerne, pas plus tard que la semaine dernière, j’ai été intimidé par un opérateur qui m’expliquait que je n’étais pas dans les clous (ce n’est pas mon cas), et je devais en urgence adhérer à une formation qu’il proposait.

Lorsque j’ai appris que la Cour des Compte souhaitait réformer la FMC obligatoire des médecins, j’ai un peu souri car ces énarques auraient pu s’y pencher bien avant, et je ne suis pas sûr que les conseils prodigués soient suivis d’effet car pour être en accord avec ces conseils il faut ouvrir la bourse si nous souhaitons avoir une action.

Or la période actuelle nous impose des restrictions budgétaires, et des choix dans les actions les plus pertinentes à rétribuer.

Ce qui est par contre inadmissible c’est de se croiser les bras dès lors que les médecins sont insultés par des sociétés qui vendent de la formation qui n’est pas nécessairement de grande qualité.

Et là la Cour des Comptes devrait agir pour moraliser un peu mieux ce domaine qui devrait être « sagement » encadré.