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Les réseaux sociaux, une menace pour nos sociétés?

La technologie qui évolue de manière importante depuis les années 2000 a conduit à une modification de certains de nos comportements.

Ainsi, alors qu’à la fin du 20ème siècle nos condisciples feuilletaient des livres ou des prospectus,  nous voyons actuellement la plupart des français rivés sur leur téléphone portable dans le métro ou le bus.

La communication directe entre individus devient parcellaire, ou parfois inexistante.

Au sein de certaines entreprises les salariés restent dans leur bulle et ne se déplacent plus pour avoir des renseignements.

En effet leur nouveau mode de contact entre eux est l’outil informatique, très impersonnel, et mis à leur disposition par la direction.

Par ailleurs une étude réalisée en 2023 montrait que plus de 60% des français n’avaient comme source d’information que les réseaux sociaux.

Cette nouvelle donne conduit également à élaborer des recommandations destinées aux plus jeunes (recours modéré aux tablettes pour les moins de 5 ans notamment), frange de population qui ne jure que par ce moyen de communication.

Il est évident que de nombreuses sociétés (elles peuvent être aussi bien publiques que privées) tentent de capter ces consommateurs potentiels, et les mitraillent de messages publicitaires (une reconnaissance  concernant les goûts et les contres d’intérêt des utilisateurs est partagée par les annonceurs qui savent à partir de telle ou telle connexion le profil de l’internaute).

Cependant certains individus plus indélicats tirent profit de cette utilisation effrénée (elle peut être considérée dans certains cas comme addictive pour certains) pour tenter de soutirer de l’argent à ces fondus de la toile.

Tout aussi important à souligner, c’est le fait que certains réseaux sociaux, pas nécessairement bien contrôlés par un système de régulation, manipulent des données pour les déformer ou les dupliquer.

De cette manière il est possible de mettre en évidence, dans certains cas, un réel lavage de cerveau (cas des sites intégristes).

Il est également possible d’effectuer une récupération des photographies de certains internautes.

Ces derniers apparaissent, à leur insu, sur des sites pornographiques.

Les médias nous informent également du fait que certains faits divers sont à mettre en relation avec des consultations parfois répétée de plateformes véhiculant des messages de haine.

Cette manière « d’informer » devient responsable d’un passage à l’acte (il est parfois incompréhensible) du fait d’une attention soutenue de ces acteurs qui ont une attitude compulsive concernant certains sites

En parallèle les réseaux sociaux sont un moyen de véhiculer de la propagande pas nécessairement condamnable au sein de nos démocraties.

Des responsables de ces plateformes n’ont, pour certains aucun scrupule pour donner leur propre opinion (dans certains cas ils peuvent même aider par ce canal certains belligérants) sur certains conflits internationaux.

Face à ces menaces qui peuvent concerner certaines personnes les pays ont des difficultés à réguler cette marée montante.

Récemment la presse a mis en avant l’arrestation d’un responsable d’un réseau social mal contrôlé, mais cette parenthèse montre qu’il est difficile d’avoir des méthodes d’action efficaces pour effectuer une meilleure régulation.

Santé, bien être, et réseau social

Fréquemment les médias mettent en avant les dérives des réseaux sociaux auprès des jeunes qui utilisent ce moyen de communication pour harceler certains « camarades ».

Cette situation conduit chez des adolescents fragiles, et qui sont régulièrement pris pour cible, à des suicides.

En tant que professionnels de santé nous sommes parfois confrontés à des situations de stress ou de dépression chez des jeunes impactés par des réflexions inopportunes qui peuvent avoir des conséquences négatives sur leur scolarité.

En parallèle l’exercice professionnel du médecin est parfois parasité par les informations reçues par les patients au sujet de leurs doléances.

Cela peut être considéré comme une bonne action, et permettre au médecin de mieux appréhender certaines situations cliniques.

Cependant dans certains cas les informations distillées par les réseaux sociaux ne sont pas nécessairement justes, car véhiculées par des sites dont la crédibilité est quelque peu dépourvue de base scientifique.

Le plus difficile pour le médecin, dans certains cas, est de faire comprendre au patient le fait que les données de ces portails ne sont pas fiables.

Par ailleurs à une époque où les USA mettent en avant les droits des patients avec les aides d’avocats en mal de « reconnaissance financière », nos concitoyens n’ont plus de scrupules à surfer sur cette vague pour obtenir des indemnisations.

Par voie de conséquence nos énarques ont eu la sage idée de mieux verrouiller l’exercice professionnel des médecins en les obligeant à mettre dans les dossiers médicaux tout acte ou geste effectué au sein du cabinet médical sur leur logiciel métier.

Cela part d’une bonne attention, mais modifie quelque peu la relation entre médecin et patient.

La consultation est considérée pour certains comme une confrontation déshumanisée avec un professionnel qui est rivé sur son ordinateur, et n’écoute que très partiellement les doléances du malade.

Le plus difficile pour nous les médecins, c’est de voir que ce grief est souvent exprimé dans la rue, et non durant la rencontre avec le soignant.

Toujours est-il que nous allons devoir nous adapter à l’irruption, qui ne cesse de se majorer, des réseaux sociaux dans notre quotidien.

Réguler ces portails est une opération fastidieuse, et qui peut conduire à des échecs du fait d’une assez grande clémence des juristes qui surfent sur l’idée de la liberté de l’information.

« La sociologie, comme toutes les sciences, a pour fonction de dévoiler des choses cachées ; ce faisant, elle peut contribuer à minimiser la violence symbolique qui s’exerce dans les rapports sociaux et en particulier dans les rapports de communication médiatique ». Pierre Bourdieu.

Dr Pierre Frances

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