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Du pain sur la planche !

Avec un certain retard à « l’allumage » (nous devions connaître le nouveau premier ministre lors de la cérémonie de clôture des jeux olympiques), nous avons enfin pris connaissance de cette « pièce maitresse » de l’exécutif.

Il est vrai que le choix était difficile pour le président, et ce malgré la présence de certains candidats qui souhaitaient ardemment participer au futur gouvernement (une candidate autoproclamée avait développé son programme sans retenue) .

Après quelques atermoiements, et un certain suspens (il est probablement dû au fait que sa marge de manœuvre du président était très réduite), M. Macron s’est enfin décidé à nommer M. Barnier qui est un politicien aguerri et qui saura nous le souhaitons être consensuel.

Cependant cette nomination est un exercice de haute voltige, car les oppositions vont se manifester précocement.

Nous ne devons pas perdre de vue qu’une échéance à court terme se profile et aiguise les appétits de toutes les formations politiques.

Outre le fait que la France s’est endettée considérablement, et va devoir faire d’importantes économies, des réformes devront être menées pour que le pays arrive à relever la tête et sortir de cette spirale infernale qui va l’engluer inexorablement en cas d’inaction coupable.

De nombreux économistes  tirent la sonnette d’alarme pour prévenir d’une évolution avec un déficit qui va se majorer en 2024, et une possible main mise du FMI comme en Grèce il y a quelques années de cela.

Dans ce cas de figure des coupes franches, sans possibilités de discussions, s’opéreront et un nombre important de concitoyens devra tirer la langue.

Nombreux sont les français qui sont conscients de cette équation difficile à résoudre, et des efforts ou sacrifices qu’il va falloir faire pour résorber notre déficit abyssal.

Des réformes dans le domaine de la santé, une priorité pour le futur gouvernement ?

Le domaine de la santé n’est pas épargné par cette situation qui a des chances d’être impacté directement par des mesures de rigueur budgétaire.

Il est vrai que les dépenses dans ce secteur sont faramineuses, bien plus que certains pays européens, mais curieusement avec une qualité qui laisse de plus en plus à désirer (manque de lisibilité dans les réformes réalisées depuis de décennies?).

Les différents ministres qui se sont succédé ont été tout à fait au courant de cette triste situation, et malheureusement les solutions proposées n’étaient que des rustines pour calmer les revendications syndicales (surtout celles émanant des établissements publics).

Or il est important de s’attaquer à ce chantier en rendant plus attractif le secteur hospitalier.

Pour ce faire le principe d’une meilleure rémunération est un levier, mais il doit être conditionné à une amplitude de travail plus importante (au-delà des 35 heures) comme les établissements privés.

Malgré les différentes recommandations de la Cour des Comptes, et de certains praticiens hospitaliers, l’exécutif n’a toujours pas appliqué une mesure indispensable pour permettre aux établissements hospitaliers de devenir plus compétitifs et puisent résorber leur déficit : la réduction du nombre des agents administratifs qui sont à l’origine d’une sclérose de ces structures.

On ne peut plus accepter que les établissements privés avec une main d’œuvre plus réduite arrivent à absorber un flux de patients plus conséquent ou équivalent à ceux observés au sein des établissements publics.

De plus il est impératif de réformer une structure dont la masse salariale est démesurée, et qui dans certains cas rend complexe des situations pourtant simples du fait d’un manque de connaissance du terrain : l’ARS.

Une meilleure reconnaissance des libéraux !

Les libéraux doivent également être plus respectés, et plus écoutés.

On doit les reconnaître comme étant les acteurs principaux du système de soins (certains pays comme la Belgique l’ont compris), ce qui n’est toujours pas pris en compte.

En effet ce sont ces derniers (médecins mais aussi infirmières) qui ont les clés d’économies dans ce secteur d’activité en favorisant une prise en charge au domicile des patients, action qui doit être actée par les pouvoirs publics.

De plus ce sont les personnages de premiers choix pour mettre en œuvre une politique de prévention, élément fondamental pour permettre une meilleure qualité de vie des patients.

Un autre volet qui avait ébauché de manière très succincte par la ministre de la santé (Mme Le Bodo) est la sécurité des soignants (libéraux ou non).

Les mesures judiciaires prises à l’encontre des délinquants qui ont eu des actions répréhensibles à l’encontre des professionnels ne sont pas assez répressives, cela alors que l’exécutif avait expliqué qu’il serait intraitable sur ce sujet.

Enfin il est nécessaire de ne plus avoir de langue de bois (ce qui a été le cas de M. Valletoux qui expliquait durant la période estivale 2024 que les urgences des établissements publics connaissaient des difficultés dans seulement 50 établissements, ce qui était très sous-estimé selon les principaux acteurs de ces structures), et savoir reconnaître les difficultés vécues par les professionnels de terrain pour montrer que le ministre de tutelle souhaite les prendre en compte.

C’est de cette manière que la confiance des soignants sera optimale, et qu’il sera possible de donner satisfaction à des médecins libéraux ou non qui souffrent d’un manque cruel de reconnaissance.

« Tout organisme social qui doit se réformer le fait plus facilement par additions que par soustractions » Alfred Sauvy.

Dr Pierre Frances

3 Commentaires

  1. Je suis d’accord avec ton analyse. J’ajouterais que le système administratif que tu fustiges à juste titre est difficile à réformer : il est de plus en plus complexe et de ce fait obéit au principe que plus un système se complexifie ,plus il finit par fonctionner pour lui même. L’administration hospitalière en est l’exemple emblématique. Le mal doit être attaqué à la racine, mais ce sera long. Une mesure importante a été la réforme de l’ENA qui écarte des grands corps les « premiers de la classe » dès leur sortie (obligation de 10(?) ans sur le terrain d’abord). L’effet se fera sentir dans ..?? années , mais cela va dans le bon sens. Il faudrait effectivement d’autres réformes dans ce sens. Les critiques sur les ARS sont souvent justifiées, mais n’en faisons pas un bouc émissaire : leur mission est aussi autre que la contrôle et le flicage. Elles gèrent l’intendance (faut bien payer les praticiens hospitaliers par ex.) mais aussi ont un rôle planificateur : éviter d’avoir 10 IRM dans une ville et pas d’autre 100km à la ronde par ex. Pour l’instant elles n’appliquent pas ce principe à notre installation (pourvu que ça dure). Quant aux libéraux ,là aussi il faudrait un mode de pensée (mon dada!) différent et revenir au concept de service d’utilité publique (comme dans la constitution européenne rejetée par la majorité des Français..) plutôt que le service public qui lui aussi fonctionne beaucoup pour lui même . Dans un service d’utilité publique, nous aurions tout à fait notre place au même titre que le sacro saint service public tel qu’il est conçu actuellement.

  2. Les ARS ne servent à rien, sinon a exercer un contrôle sur tout le monde et, finalement, ralentir considérablement le travail des soignants. Ne vous faites pas d’illusions, cher confrère, le but de toutes ces structures, Sécurité sociale comprise, est, à terme, de tuer la médecine libérale et de contrôler étroitement le comportement des médecins salariés. Cela crève les yeux : médecins libéraux persécutés et explosion des « centres de santé ». C’est donc la mise en place d’une médecine d’État à la Soviétique, elle s’installe sournoisement. Premier essai avec la « crise » Covid où nous avons vu les généralistes priés d’obéir sous peine de sanctions. Pas trop mal pour un premier essai. Quant à Barnier ne rêvez pas. Ce type est un Macroniste pur jus. Tout continuera comme avant. Ou presque.

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